Introduction
Tu te souviens de ta dernière visite d’usine ? Non ? C’est normal. Pour beaucoup, l’industrie reste un monde à part, caché derrière de hauts murs, souvent associé à des images dépassées : bruit, saleté, pénibilité. Pourtant, derrière ces clichés se cache une réalité bien différente, que j’ai eu la chance d’explorer lors des Journées Usines Ouvertes, une initiative portée par les alumnis de l’École des Arts et Métiers.
Durant une semaine, à travers cinq épisodes du podcast Oser l’Efficacité, je t’ai emmené avec moi à la découverte de cette première édition exceptionnelle. J’ai rencontré Emma Blin, membre de l’équipe organisatrice, pour comprendre comment ce projet est né et comment il ambitionne de réconcilier les Français avec leur industrie. J’ai échangé avec Guillaume Haller de Nicomatic, une usine inspirante de Haute-Savoie qui a ouvert ses portes à cette occasion. J’ai aussi partagé mon propre regard sur cette visite marquante, et donné la parole aux autres visiteurs, lycéens, retraités, curieux ou professionnels, qui ont tous été surpris… dans le bon sens. Enfin, nous avons évoqué ensemble les perspectives pour 2026.
Dans cet article, je te propose un condensé de cette aventure industrielle, en trois temps :
- D’abord, on regarde comment l’industrie d’aujourd’hui peut encore surprendre – et séduire.
- Ensuite, on explore les coulisses d’un événement qui a su mobiliser plus de 200 usines en un temps record.
- Et enfin, on se tourne vers l’avenir : comment faire grandir cette dynamique pour qu’elle s’ancre durablement dans notre société ?
L’industrie, entre clichés persistants et réalités inspirantes
Casser les idées reçues sur l’usine
Tu penses encore que l’usine, c’est sale, bruyant, gris, avec des cadences infernales ? Tu n’es pas seul·e. Selon un sondage IFOP mené pour l’Observatoire des Industries Responsables, seulement 11 % des Français recommanderaient à un proche de travailler dans l’industrie. Un chiffre alarmant qui a été le point de départ de l’initiative Journées Usines Ouvertes.
L’objectif ? Montrer la réalité de l’industrie d’aujourd’hui en permettant au grand public – et surtout aux jeunes – de franchir la porte d’usines près de chez eux. Et autant te dire que le choc des représentations a été au rendez-vous.
Une industrie qui donne envie (quand on la découvre)
Lors de ma propre visite chez Nicomatic, une entreprise basée à Bons-en-Chablais, j’ai été bluffée. Ambiance chaleureuse dès l’entrée, showroom interactif, atelier lumineux et parfaitement organisé. On est à mille lieues du cliché poussiéreux façon Germinal. Chez Nicomatic, on respire, on circule, on innove.
Mais ce qui m’a surtout marquée, c’est l’organisation du travail : pas de pointeuse, pas de hiérarchie rigide. Chaque mini-usine fonctionne en autonomie, avec des équipes responsabilisées. Le résultat ? Plus d’engagement, plus de fluidité, et une vraie fierté chez les salariés.

Quand voir devient comprendre… et peut-être rêver
Le plus beau dans tout ça ? Ce sont les retours des visiteurs. Qu’ils soient lycéens, retraités, curieux ou professionnels, tous sont ressortis changés. Curiosité, surprise, émerveillement : les mots qui reviennent en boucle montrent l’impact que peut avoir une simple visite.
Un jeune m’a même dit : « J’ai pas vu le temps passer, c’était trop intéressant. » Et un retraité, ancien de l’industrie, regrettait de ne pas avoir connu un tel environnement à son époque. L’industrie, quand on la voit vraiment, devient désirable. Et parfois, une visite suffit à faire naître une vocation.
Une mobilisation exemplaire et rapide pour un premier pari réussi
Après ce constat enthousiasmant sur le terrain, revenons sur les coulisses de cette belle initiative. Car si les Journées Usines Ouvertes ont vu le jour, c’est aussi grâce à une formidable dynamique collective.
De l’idée à l’action en un temps record
L’idée est née en novembre. Dès décembre, plus de 100 usines étaient déjà inscrites. Et en avril, 226 usines ont ouvert leurs portes à travers toute la France. Une prouesse rendue possible par l’implication des alumnis des Arts et Métiers, et d’un écosystème complet d’acteurs engagés : France Industrie, Territoires d’Industrie, IESF, Femmes Ingénieures…
Leur mission : fédérer, convaincre, coordonner. Et visiblement, ça a marché.
Des partenaires engagés et un écho dans les territoires
Du côté des industriels, l’initiative a trouvé une résonance forte. Beaucoup ont vu dans ces journées une occasion concrète de répondre à leurs problématiques de recrutement, d’image ou de lien avec leur territoire. Certaines usines affichaient complet, d’autres ont dû ouvrir des listes d’attente. Mieux encore, le ministre de l’Industrie, Marc Ferracci, s’est lui-même déplacé pour visiter une usine.
Un exemple à suivre : Nicomatic, la culture de l’ouverture
Chez Nicomatic, ouvrir les portes n’est pas une exception, c’est une habitude. Écoles, pros, voisins : tout le monde est bienvenu. Et cette culture de la transparence fait écho à leur mode de fonctionnement responsabilisant. Guillaume Haller le résume bien : partager son environnement de travail, c’est aussi une manière de prendre du recul et de valoriser ce qu’on fait au quotidien.
Semer aujourd’hui pour transformer demain
Une première édition réussie, c’est bien. Mais une dynamique qui s’installe dans la durée, c’est encore mieux. Et c’est exactement ce que veulent les organisateurs des Journées Usines Ouvertes.
Une ambition long terme : ancrer l’événement dans les esprits
L’objectif est clair : inscrire ces journées dans le calendrier, à l’image des Journées du Patrimoine. Car si l’on veut vraiment faire évoluer les mentalités et créer des vocations, il faut s’inscrire dans la durée. Ce sont les collégiens d’aujourd’hui qui seront les techniciens et ingénieurs de demain.

2026 : doubler les ambitions, doubler l’impact
L’édition 2026 vise 400 usines et 40 000 visiteurs. Et cette fois, l’organisation commence bien plus tôt, pour anticiper les contraintes des écoles comme des entreprises : calendriers, budgets, logistique… L’accueil des scolaires est particulièrement soigné, avec des activités adaptées, des moyens de transport financés, et une volonté claire : rendre l’industrie accessible et attractive.
Montrer pour donner envie : et si on s’y mettait tous ?
Les Journées Usines Ouvertes ne réussiront que si elles deviennent l’affaire de tous. Les industriels doivent continuer à ouvrir leurs portes. Les écoles doivent oser franchir le seuil. Et toi, tu peux en parler, y aller, y emmener des jeunes autour de toi. Parce que oui, l’industrie d’aujourd’hui mérite d’être vue. Et parce que voir, c’est comprendre ; comprendre, c’est adhérer.
Conclusion : et toi, tu viens en 2026 ?
Les Journées Usines Ouvertes, c’est bien plus qu’un simple événement. C’est un mouvement. Un appel à regarder l’industrie autrement, à dépasser les clichés pour découvrir un univers vibrant, humain, technologique. C’est l’occasion de voir, de comprendre, et parfois même de s’émerveiller.
Ce que cette première édition a prouvé, c’est qu’il suffit parfois d’ouvrir une porte pour faire naître une vocation. Ou au minimum, pour faire changer un regard. Et si on veut vraiment réindustrialiser la France, regagner en souveraineté, redonner du sens au travail… alors il faut montrer ces modèles inspirants. Il faut les faire connaître, les rendre accessibles.
La bonne nouvelle ? L’aventure continue. L’édition 2026 est déjà en préparation. L’objectif est clair : plus d’usines, plus de visiteurs, plus d’impact.
Alors que tu sois professionnel·le de l’industrie, enseignant·e, parent, étudiant·e ou simplement curieux·se, je t’invite à t’impliquer. À en parler. À participer. Parce que l’industrie de demain, c’est aussi à nous de la construire – ensemble, et à visage découvert.
Et comme toujours : n’oublie pas d’oser l’efficacité.